(Extrait livre de Madame Denise Rauss « Raconte moi ton Lignon »)
Quand on se promène derrière la Ferme Pédagogique du Lignon, on aperçoit une jolie maison de maître ancienne portant une plaque dorée sur un de ses murs :
François d’Ivernois 1757-1842 a fait bâtir cette maison et la ferme en 1792
Imprimeur, écrivain, avocat, homme politique genevois
Diplomate aux côtés de Pictet de Rochemont en 1814 au congrès de Vienne
Conseiller d’état de 1814 à 1824
La vie de cet homme, riche et mouvementée mérite un petit retour dans le temps et l’histoire de Genève.
Après avoir été élève au collège Calvin, il est devenu avocat, et à 20 ans il entreprend l’édition des œuvres complètes de Jean-Jacques Rousseau, considéré comme un écrivain subversif par les pouvoirs politiques en place et dont les livres, Le Contrat social et l’Emile, seront brûlés devant l’hôtel de ville en 1762.
L’intérêt de François pour la politique, le fait participer activement aux Révolutions de 1782 et 1792 à Genève destinées à établir une égalité citoyenne.
Banni de la cité en 1782, comme de nombreux habitants, il se réfugie en Angleterre et envisage de fonder une colonie genevoise en Irlande composée de 3000 ouvriers horlogers sélectionnés pour leur moralité. L’affaire est un fiasco car peu de temps après leur arrivée en Irlande 2000 fugitifs et horlogers rentrent à Genève.
Cette période troublée avait incité d’Ivernois à acheter le grand domaine des Grebattes en 1791, qu’il renomme le Lignon.
Il revient à Genève pour participer à la seconde révolution de décembre 1792.
Durant 2 ans, des mouvements de révolte et contre révolte agitent la cité sans trop de violence et aboutissent en février 1794 à l’établissement d’une nouvelle constitution plus démocratique. Pourtant, en juillet, une nouvelle poussée de violence, conduit à l’exécution de 11 aristocrates, puis de 5 autres personnes, soupçonnées de connivence avec la France qui menace toujours d’annexer la cité, ce qu’elle fera en 1798. D’Ivernois quitte son beau domaine du Lignon et s’exile en Angleterre durant 22 ans, mettant ses compétences au service du roi d’Angleterre Georges III, qui le fait Chevalier.
Napoléon va entrainer de nombreux Genevois à s’embarquer dans les guerres, mais après sa chute en Russie en 1813, l’armée autrichienne de 10.000 hommes dirigée par Bugna entre dans Genève, chasse les français. Le 1er janvier 1814, l’indépendance de la cité est proclamée.
Sir D’Ivernois revient à Genève et… au Lignon. Il participe au côté de Pictet de Rochemont au traité de Vienne de 1814 qui fait de Genève le 22ème canton de la confédération et instaure la neutralité Suisse, en novembre 1815.
Aujourd’hui, cette maison, témoin d’une époque bouleversée a été rachetée par la commune de Vernier et habitée plus paisiblement par la suite, (lire la maison jaune). Elle accueille maintenant une annexe du conservatoire de musique et des activités culturelles.
Denise Rauss